Ce matin, je me rendais à mon rendez-vous chez le rhumatologue. Objectif : vérifier l’évolution de ma maladie (polyarthrite rhumatoïde), l’état de mes paramètres sanguins et l’effet de mon traitement. J’arrive avec 10 minutes d’avance et je m’installe dans la salle d’attente. Autour de moi, que des personnes bien plus âgées que moi. Plus concrètement, 60 ans et plus. Je les observe. Ils ont tous une canne, leur déplacements sont difficiles, ils peinent à mettre un pied devant l’autre, soupirent… Et la, je me dis : mais qu’est-ce que je fais la ?

Et c’est dans cet état d’esprit que je vie ma maladie jour après jour. Je me demande pourquoi elle s’en est prise à moi. Pourquoi a-t-il fallu que je sois la proie de cette maladie auto-immune ? Pourtant, je ne suis pas une mauvaise personne. Je traverse dans les clous, paye mes impôts, sourie tous le temps, aide les gens et achète des bonbons Télévie pour la lutte contre la leucémie. Non, je n’ai rien sur mon ardoise qui aurait pu faire que ma bonne étoile me tourne le dos et me désigne comme cible. Et pourtant, elle est la et bien la.

Depuis un bon mois maintenant, j’ai les orteils du pied gauche qui sont gonflés et douloureux. Je les sens tous le temps. Je ne dois même pas bouger le pied. La douleur est omniprésente. Et je vie avec. J’essaye de ne pas y penser. J’ai même réussi à faire du jardinage le weekend dernier. C’est dire que je veux mettre cette saleté à côté de mon existence. Et pourtant. Elle adore se rappeler à moi.

Comme pendant ce déplacement professionnel cette semaine, ou je me suis réveillée mercredi avec une migraine abominable, des douleurs dans tout le corps et une nausée incontrôlable, ou j’ai fais semblant que tout allait bien en faisant les visites de magasins, ou j’ai pris des photos, posées des questions, pris des notes, jusqu’à un abandon forcé qui m’a obligé à reprendre un taxi afin de retourner à mon hôtel, pour m’y écrouler lamentablement sur mon lit. J’ai même du faire l’impasse sur le dîner officiel. J’ai honte, honte, car je veux faire comme tous le monde. Honte aussi, vis à vis de mes collègues, qui ne comprennent pas toujours. Car je n’ai pas envie de ré-expliquer pour la nième fois que je souffre d’une maladie auto-immune. Que souvent je suis bien, mais que parfois, je ne suis pas bien du tout. Et que des fois, la maladie m’arrête net.

Et la, je repense à ces personnes âgées ce matin, qui m’ont regardée, pensant que je m’étais trompée d’étage ou de département. Je voyais leur pensées dirigées vers moi se demandant ce qu’une jeune femme pouvait bien venir faire dans un département de rhumatologie. Et moi, je les regardais et j’avais peur.  Non, je ne veux pas me retrouver avec une canne, à peiner à chaque mouvement, à avoir du mal à respirer tellement l’épuisement m’écrase. Non, je ne veux pas en arriver la. Car je n’ai que 36 ans et que ce n’est tout simplement pas juste…

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Fashiongeekette

Quadra et j'aime ça, parce que les quadra c'est le pouvoir - Bruxelloise - Addict aux produits de beauté - Passionnée de mode - Amoureuse de son Big et de sa Pitchoun

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