Le début du mois de novembre a été pour moi la période la plus noire de ma vie. Mon licenciement m’a réellement mise au fond du trou. Je ne voyais plus du tout le bout du tunnel et l’envie de bouger, de me bouger, se réduisait à peau de chagrin tous les jours un petit peu plus. J’étais atteinte de stress post-traumatique…
La même semaine, une autre nouvelle très inattendue venait m’enfoncer encore un plus dans le trou dans lequel je m’enfonçais inévitablement.
Le diagnostic : stress post-traumatique
Plongée dans une profonde détresse, je n’ai eu d’autre choix que de consulter mon médecin. Le diagnostic était implacable : stress post-traumatique. Quoi? Mais non, je n’ai pas fait la guerre, je n’ai pas été victime d’une agression, d’un attentat. Dieu merci, non, rien de tout ça.
Elle commence à m’expliquer : le licenciement, lorsqu’il est brutal et inattendu peut être quelque chose de terriblement traumatisant. D’autant plus que la bienveillance n’avait pas été conviée pour les festivités. J’avais donc subi un choc lourd et grave et je devais me soigner.
J’ai accepté de suite son diagnostic, car je n’avais pas d’autre choix. J’étais vraiment au fond du trou, avec des idées noires comme je n’en ai jamais eu. Je n’avais plus envie de rien. J’étais triste, détruite, trahie, mais la rage et l’envie de rebondir n’étaient pas au rendez-vous. J’étais tellement dépitée que quand l’agence d’outplacement a pris contact afin de lancer mon plan de reclassement, je leurs ai gentiment dis que ce n’était pas la peine et que je ne leurs faisait pas confiance. Mon moi rationnel sait que c’est une ineptie mais voila, à ce moment-la, j’étais en train de tomber tout au fond d’un puits… sans fond.
Me soigner à tout prix
J’ai donc démarré les médicaments qu’elle m’avait prescrit. J’ai pris la mesure de ma détresse quand j’ai lu les notices des médicaments : 2 anti-dépresseurs… Un pour aller mieux, et l’autre pour traiter le sommeil en cas de stress post-traumatiques. On rajoute à ça, les gélules pour le stress, le Xanax. Je n’en avais pas envie, mais je comprenais que je ne me relèverais pas toute seule cette fois-ci. J’ai également consulté un psychologue qui a vite compris la situation et qui a su m’écouter avec énormément de compassion et d’empathie. Pendant mes séances, j’ai également compris à quel point mon licenciement avait été un épisode traumatisant.
Et maintenant?
Aujourd’hui, je peux dire que je vais mieux. Je ne suis absolument pas guérie, malgré les plus de 6 mois passés. Je poursuis mon traitement car un choc émotionnel comme celui-là, cela ne se prend pas à la légère. Le traitement, d’ailleurs, je ne suis pas prête à le lâcher et je reste sur mes gardes.
Il m’arrive d’avoir peur de collègues. Une peur inconsidérée. Une crainte sans fondement. Mais voila, certains comportements, certaines paroles, des mots précis déclenchent des alarmes dans ma tête.
J’ai perdu de ma spontanéité. Je suis plus sur la réserve. Je réfléchis énormément avant de dire quelque chose.
Puis, il me reste cette scène de licenciement, malheureusement toujours intacte dans mes souvenirs. Elle, elle ne part pas. Les paroles, les gestes, l’expression de mon manager qui se faisait clairement plaisir, les papiers qu’on me présente. Quand j’y pense, c’est la grosse panique. Et la, je ressasse encore et toujours. Qu’ai-je bien pu faire pour mériter cela.
Je n’étais pas le problème… mais encore fallait-il l’accepter
Il va m’en falloir du temps avant de comprendre que ce n’était pas moi le problème. Que l’organisation est gangrénée par le copinage et le favoritisme. Que la priorité n’est pas à la progression de l’entreprise, mais à l’évolution de carrières individuelles. Quand votre tête ne revient pas à quelqu’un ou lorsque vous représentez une menace intellectuelle pour quelqu’un, vous avez du soucis à vous faire.
Finalement, je sais que je suis mieux dehors que dedans. Mon travail la-bas, m’a permis d’apprendre énormément de choses. J’ai fait la connaissance de personnes extraordinaires, mais j’ai aussi après ce que c’est que le royaume de l’hypocrisie. Un univers impitoyable, rempli d’égos surdimensionnés ou le talent n’est pas la première chose que l’on retient. J’aurais préféré tout de même ne pas avoir à découvrir à quel point les gens peuvent être moches à l’intérieur, laids, à vomir,…
Re-apprendre à vivre avec un stress post-traumatique
Aujourd’hui, je fais un travail qui me plait. Non, tout n’est pas rose. La crise sanitaire est d’ailleurs venue prodigieusement chambouler mes premières semaines. Mais tout va bien. J’ai retrouvé une forme de sérénité. Et c’est bien ça qu’il faut retenir. Se donner du temps, se laisser la possibilité d’avoir mal, accepter ce stress-post-traumatique dans ma vie et après relativiser. Chercher de l’aide, parler, écrire, évacuer. Avoir le courage de se couper d’univers ou de personnes toxiques. C’est essentiel. Car la vie, on n’en a qu’une seule. Et elle mérite qu’on s’y accroche.